Les Chroniques des Elfes de Jean-Louis Fetjaine

Illustration par Mathia Arkoniel

Ce que j ai aimé :

La longueur de la trilogie: il faut dire que j’ai acheté direct la trilogie des éditions…… je déteste être frustrée. Mauvais souvenir de la sortie très médiatisé et marketé d’harry potter. 
La longueur des 3 livres permettent d’entrer dans l’univers d’heroic fantasy dessiné par Jean Louis Fetjaine.  Un univers de fantasy qui colle à Tolkien puisque Fetjaine réutilise les créatures traditionnelles et habituelles : elfes, orcs, gobelins, nains, humains et l’écrivain va même jusqu’à réutiliser le sindarin, la langue elfique créée par le linguiste émérite qu’était Tolkien.  Juste wow.

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J’ai aimé cet hommage et la volonté de s’inscrire dans cette tradition. 

J’ai beaucoup aimé l’insertion de passages du Tuatha de Danna (une épopée digne des grands mythes greco latin)
Le tuatha de danna est ainsi un texte explicatif rythmant les débuts de chapitre: on découvre, morceau par morceau un texte dont l’action, on le devine au fur et a mesure, est une prequelle du recit de jean louis fetjaine. Brillant. Car non seulement l’écrivain inscrit son roman dans la tradition de tolkien mais aussi dans la lignée du tuatha de danna.
Il faut attendre le dernier chapitre et notamment l’épilogue pour découvrir les origines de Merlin. Jean Louis Fetjaine a écrit une suite que je n’ai pas encore lue. Mais ça sent bon l’intrigue bien pesée, d’autant que le personnage de Pelhehun me semble bien fourbe à loisir. Le genre de gars qui refuse les duels et poignarde dans le dos. Bref, le genre de gars à qui vous avez envie de faire tâter de votre hâche.

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Si vous aimez les personnages un peu,  voire carrément bitch, en demi teinte, genre Cercei de Game of Thrones, je vous recommande la trilogie des elfes. 

Le truc puissant dans ce roman de fantasy, c’est qu’on sent le monde plus large sur lequel repose l’histoire. Bon moi, avec mon roma,n j’ai fait les choses à ma manière, en créant mes monstres et créatures mais ce qu’a fait Jean Louis Fetjaine est carrément intelligent et éducatif. Combien d’ados ont alors lu le Tuatha de Danna ? A une époque où les politiques voudraient faire croire aux français qu’ils sont tous de culture méditerranéenne ? Gros lol.
Allez pour l’aspect politique je m’arrête là. 

J’ai moins aimé 

Le côté immédiatement sexualisé de Lilianne m’a parfois gêné. Je suis assez partagée sur l’image de la femme dans la fantasy: c’est souvent des femmes avec des tenues ultra sexy et pas du tout réalistes. Qui va au combat dans la joie et la bonne humeur avec une armure qui couvre que les seins ??

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Et de même jean louis Fetjaine décrit des scènes pas très crédibles même pour de la fantasy : Liliane se dénude les seins et lève les bras pour invoquer le pouvoir des runes… au milieu d’une bataille. Et elle échappe elle ne sait trop comment, prise par la transe. Et nous non plus d’ailleurs.
Mais la fantasy fait rêver : et comme les femmes sont le sujet de rêverie de prédilection des hommes… (pour pas dire une fixette hein) et que la fantasy mise en avant est souvent celle des hommes, ça passe crème pour la plupart des lecteurs. Sauf que moi même écrivain, je me la pose cette question : comment écrire un personnage féminin qui soit pas trop gnangnan ? Comment écrire une scène d’amour qui reste crédible ? Comment faire un personnage féminin fort… mais pas trop masculine ? GR Martin dans Game of Thrones l’a très bien fait avec Cercei la bitch avide de pouvoir toujours élégante. Et avec Margerye elle aussi avide de pouvoir, et de sexe. Et avec Sansa que je trouvais trop con au début et que finalement j’aime bien. Bon Georges Martin, la vérité, il est trop fort.

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Pour conclure

La violence est présente, les combats particulièrement bien décrits notamment dans les manœuvres militaires : et c’est difficile à écrire car il faut être technique et continuer de raconter l’histoire en même temps.
J’ai adoré le personnage de Lilianne malgré tout : vulnérable et sensible, forte et impitoyable, courageuse et indépendante. 
Et le personnage de Maeholas est à la fois inquiétant, détestable dans ses actes et attachant dans ses réactions. Il fait une parfaite nemesis pour Lilianne, tout en étant attiré par elle. Et ça, j’adore. Je pressens une fin terrible pour Maheolas, et la suite de l’aventure pour le roi humain Pelhehun m’intrigue. D’autant plus que le personnage de Merlin fait son apparition à la fin. L’écriture est fine, ciselée, les personnages même s’ils foisonnent,  et qu’on ne peut s’attacher à tous, très bien construits.
La trilogie des elfes nous laisse un petit goût de mélancolie, car l’histoire est racontée de telle façon qu’il fait partie de notre passé : juste après l’irruption de l’église et avant le début des légendes arthuriennes. Un gout de reviens-y. Ça tombe bien il y a une suite et je la commence le mois prochain. 

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Salut le clan, à très vite !

Diane Mc Neele

Pierre Pevel et la trilogie de Wielstadt

C’est via les suggestions d’amazon que je découvre Pierre Pevel. On me conseille d’abord les lames du cardinal. Un rapide coup d’œil au pitch me convainc d’acheter l’intégrale de Wielstadt, car je suis intriguée par l’histoire de dernier dragon que je lis au dos de couverture.

Nous suivons les aventures du chevalier Kantz, un homme mystérieux d’une quarantaine d’années, vivant dans la ville de Wielstadt, une ville protégée par un dragon, le dernier dragon d’orient. Bon, vous allez voir, en fait le dragon, il fait pas grand grand chose…. Mais ! Il y a un mais….

Ce que j’ai aimé :

Grosse surprise, quand j’avais lu le pitch, et l’histoire du dragon qui protégeait la ville, j’ai cru bêtement que le récit se passait au Moyen-âge.

C’est donc une surprise en découvrant que le dit chevalier vit dans l’Allemagne de 17èmesiècle.

Je vais de surprise en surprise en découvrant que les créatures sont donc bien différentes de celles dont j’ai l’habitude : centaures, faunes, fées, dragon, démons… Ces créatures me rappellent avec énormément de plaisir mon enfance et les récits mythologiques : Persée, Jason, Atalante, Hercule….

J’apprécie également le style : c’est fluide, bien écrit, et remarquablement documenté sur sur une période que je connais très peu, à savoir la guerre de religion en Allemagne, qui reste un fond historique original.

La quête du chevalier s’étale finalement sur trois romans, pour répondre à la question que l’on se pose depuis le début : qui est-il ? Pourquoi a t il ce pentacle dessiné sur la main ?  De quoi nous tenir en haleine jusqu’au bout, d’autant que le personnage est admirablement travaillé : humain mais puissant, tenace mais vulnérable, manquant d’empathie, mais mû par la volonté de protéger les innocents. On dirait un Aramis plongé dans une ville tortueuse ou les démons rôdent à chaque coin de rue. C’est pourtant l’âme humaine qui est la plus noire, car la vraie nemesis du chevalier Kantz est Reinecker qui n’hésite pas à menacer, violet, torturer et tuer. Il est pire que la plupart des démons que kantz aura affronté. C’est bien la nature humaine qui empoisonne la ville et est la porte ouverte aux démons. Et sur ce point là, je rejoins Pierre Pevel…

Ce que j’ai moins aimé :

Si les intrigues sont très bien ficelées, elles vampyrisent un peu le troisième tome, sans que la fantasy ne soit vraiment présente. Je ne veux pas faire de spoiler pour ceux qui ne connaissent pas, mais la seule présente vraiment surnaturelle, est l’identité de l’assassin, liée à l’identité du chevalier. Cela m’a fait pensé aux enquêtes de Nicolas Lefloch, de Jean François Parot. Certes, il y a Lilith, mais il n’y a pas de réelle confrontation avec le chevalier. Certes, il y a la question des Enochiens, mais des pans entiers de l’histoire du personnage du chevalier restent floues, et du coup, l’origine de ses pouvoirs surnaturels ne sont pas vraiment expliqués. La présence de centaures et de faunes reste, elle, anecdotique : en effet, ils n’ont pas vraiment de pouvoir surnaturel. Zacharios et les gardes du guet n’ont pas de réelle implication et force d’action sur les enquêtes que mène Kantz. Bien dommage. Il n’y a finalement que la petite fée Chandelle qui a un pouvoir magique qui semble aider Kantz dans le deuxième livre… mais on ne sait pas lequel ! La scène dans la clairière où Chandelle est appelée, ou appelle les autres fées de la forêt et pratiquent une sorte de soin magique sur Kantz. Je ne peux vous en dire plus, Pierre Pevel n’en écrit pas plus ! Assez frustrant car le rôle de Chandelle la petite fée, met de la légèreté dans le roman, mais ne se révèle utile que de rares fois. Et pas pour ses pouvoirs magiques. De même, la dame en rouge était une créature intéressante, mais n’est pas assez développée selon moi. Comment cette « émanation de la ville » est devenue vivante ? De chair et de sang ? L’est-elle seulement de chair et de sang ? et au fait, ce dragon…. Y’a personne qui a essayé de le tuer, ou de l’asservir, ou quoi que ce soit ? Là aussi, je suis frustréééééééée !

Du coup, en tournant la dernière page, je reste sur ma faim. Bon j’imagine que c’est fait exprès : mais en cherchant sur le net, nulle suite de prévue. Bien dommage… Car j’ai encore d’autres questions : Pourquoi la fée choisit-elle Kantz à la fin au lieu de Liliana ? Que va devenir le chevalier s’il n’a plus de pentacle ? Est-ce que finalement ça n’aurait pas été judicieux que le chevalier meure et que l’on connaisse son nom ? Pas son nom humain… l’autre nom. Liliana me semble peu armée pour reprendre le flambeau pour combattre Lilith, qui d’ailleurs a gagné, ce sont les mots de Kantz. Et c’est le dernier point que je trouve dommage : le personnage de Kantz est noir, solitaire, porte le poids du monde. Parfait, j’adore ce genre de personnage maudit. Mais le roman se termine sans rédemption possible ou envisageable pour lui. Aucune libération, ou lumière au bout du tunnel. Et si j’adore les romans de fantasy sombres, le lecteur a besoin, il me semble, de voir le personnage triompher pour de vrai, ou connaître une forme de rédemption, et d’apaisement, même s’il meurt.

Pour conclure sur ce roman de fantasy :

À noter que Pierre Pevel est l’un des rares écrivains français à être traduit en anglais.

Est-ce le signe d’une qualité supérieure par rapport aux autres romanciers tels que Mathieu Gaborit ou Michel Pagel ? Je ne crois pas. Je pense simplement que c’est une question de marketing : la fantasy de cape et d’épée est, il me semble, d’après mes recherches, inexistante dans le monde anglo saxon. À part l’Epouvanteur je ne vois rien. On en trouve d’avantage sous forme de film (Van Helsing, Hansel et Gretel, …) Or le truc de cape et d’épée est quelque chose de typiquement français : y’a pas à dire, on sait faire. Avis aux jeunes écrivains qui souhaitent se démarquer et percer dans le marché de la fantasy : écrivez de la fantasy cape et d’épée !!!

Enfin, quand on ferme le livre, on se prend à rêver de voir les aventures de Kantz  le chevalier exorciste portées au cinéma par un cinéaste de talent tel que Christophe Gans par exemple. J’avais adoré le Pacte des loups, film de cape et d’épée visuellement très réussi.

Bref, la trilogie de Wielstadt, j’ai adoré, et s’il y avait une suite, je la lirais sans hésiter.