Chronique : L’ange de la nuit de Brent Weeks

Connaissez-vous Brent Weeks ? Je l’ai découvert grâce à la trilogie l’Ange de la nuit que je viens d’achever. Comme d’habitude, je vous fais une chronique générale sur la trilogie, je préfère donner une vision d’ensemble. C’est une trilogie que je vous recommande pour deux raisons : la rapidité de lecture qui en fait un morceau de choix pour toute session de binge reading, et d’autre part pour le mélange de références asiatiques et médiévales. La trilogie de l’Ange de la nuit c’est un mélange curieux, qui m’a surpris au début, mais qui plu.

Résumé de la trilogie de l’Ange de la Nuit de Brent Weeks

Azoth est un petit garçon affamé essayant de survivre dans le Dédale, la partie pauvre de la ville corrompue jusqu’à l’os de Cénaria. Un jour, il a l’opportunité de devenir apprenti d’un tueur professionnel, du meilleur tueur professionnel, Durzo Blint. Le meilleur de Cénaria. Azoth va devoir mourir pour devenir Kylar, son élève, et sauver le peu qu’il aime.

Je n’ai pas aimé

Le style est très direct, court, les phrases ramassées. C’est un style d’écriture concis, en cela, rien de négatif. Le truc qui m’a un peu gênée, c’est la répétition de gros mots qui n’apportent rien dans le dialogue et étaient vraiment fréquents. Ce n’est pas parce qu’on vit dans la crasse du Dédale qu’on ne sait que prononcer merde ou putain. Mais j’ai remarqué c’est quelque chose de moderne, qu’on voit depuis une dizaine d’années dans la littérature jeunesse : le vocabulaire vulgaire qui devient plus cru, et plus réduit aussi. Bah oui, je trouve que Diantre, ou Sacrebleu a un charme fou. ^^ Je venais d’achever le cycle de l’Assassin du Roi de Robin Hobb quand j’ai commencé la trilogie de l’Ange de la nuit. Donc la différence de niveau de langange a été un choc.

Question style littéraire aussi, j’ai eu du mal à entrer dans l’action de l’Ange de la nuit. Quand Robin Hobbs prends le temps d’installer son action, Brent Weeks lui, fait avancer son récit parfois à coups de de grosses ellipses. Une action = une page, c’est le style d’écriture que j’aime. Je déteste les longues descriptions. Et oui pour quelqu’un qui vénère Tolkien, c’est étrange n’est ce pas ?

C’est la différence avec le style de Robin Hobb qui m’a sautée aux yeux. Après quelques chapitres, je me suis laissée prendre et porter par le récit. Parfois avec difficultés tout de même, car nous suivons le personnage principal Azoth qui devient ensuite Kylar. Or ,Brent Weeks nous emmène soudainement dans d’autres lieux avec d’autres personnages dont on ne sait rien, ce qui fait un effet bizarre dans le récit: il m’a fallu plusieurs fois m’arrêter pour intégrer les personnages de Dorian, Feir Cousat et Solon. Quelques mots pour expliquer leurs situations, d’où ils venaient, et surtout leurs descriptions physiques m’auraient beaucoup aidé. J’ai arrêté plusieurs fois la lecture en me disant « Une minute, je les connais eux ? Il les a déjà introduits ? Ha oui, lui c’est le gars qui voit l’avenir. Pourquoi tout d’un coup on passe à eux ? » Mais je dois avouer, c’est vraiment Diane l’écrivain qui s’interroge là : je sais que je fais exactement la même chose, notamment dans le premier tome de ma saga. Je ne prends peut être pas assez le temps d’introduire certains personnages, de les caractériser. J’ai aussi tendance à vouloir faire avancer mon récit et tenir le lecteur par l’action. Du coup, grosse introspection sur mon propre style, et si je ne devrais pas faire plus attention pour la rédaction de mon 3ème tome d’Hizaion.

J’ai aimé

Le mélange culture moyen âgeuse et asiatique : ça m’a vraiment dérangée, au début. Parce que je ne suis pas du tout dans les références manga. J’aimais beaucoup les chevaliers du zodiaque mais une fois que le Club Dorothée s’est arrêté (amis des années 90, bonjour) je n’ai plus regardé d’autres animes japonais. On sent vraiment de plus l’infliuence des jeux vidéos dans l’écriture de Brent Weeks : notamment la tenue de pisse culotte qui n’est autre que la tenue des Assassins dans Assassin’s Creed. Mais finalement j’ai totalement adhéré au mélange de références asiatiques, que ce soit dans la description de la ville de Cenaria, ou la tenue traditionnelle du pisse-culotte, et de ses armes, ou de son pouvoir le Ka’kari.

Le truc qui m’a scotchée : Brent Weeks m’a littéralement bluffée pour la description des combats. Je me demande même s’il n’a pas décortiqué des scènes de films de Kung Fu pour les réécrire dans son roman. Bon j’avoue à la fin, il y a des passages que je sautais, parce que je voulais avancer dans le récit. Mais chapeau bas !

J’ai aimé aussi le 3ème tome : c’est d’ailleurs peut-être mon tome préféré de toute la trilogie de l’Ange Noir. On a intégré la place des différents personnages, qui représente quoi pour qui. Il y a aussi le retour d’un personnage qu’on croyait mort et enterré. Les scènes de batailles sont impressionnantes, avec des créatures qu’on se plaît à imaginer : Brent Weeks les décrit merveilleusement bien. Mes préférées sont les Feralis. Mais chut, je vous laisse découvrir. On dépasse aussi les murs de Cénaria pour découvrir d’autres territoires comme la Brouette Noire, et l’on comprends bien mieux aussi le passé de Durzo Blint, et les légendes qui l’entourent. Je trouve ce 3ème tome très réussi, complet, et satisfaisant : j’ai les réponses à presque toutes les questions, et l’histoire se termine plutôt bien, sans mièvrerie.

Pour conclure :

Une trilogie qui m’a agréablement surprise, alors que les couvertures de l’édition Milady (Bragelonne) ne me plaisaient pas du tout. Mais comme j’en avais entendu parler, je me suis laissée tenter. J’ai eu raison de ne pas m’arrêter à la couverture un peu simplette et qui fait très young adult, dans le genre Narnia. Or, l’histoire et les horreurs par lesquelles passent les personnages (notamment Logan, gloups) sont bien plus adultes. Mais c’est tout l’art de la fantasy je trouve : de nous faire croire « tiens des créatures magiques, ho ça va être mignon » et en fait « beurk, il va vraiment bouffer une jambe humaine ? Non. il va pas le faire. Diantre, il l’a fait ! »

Belle lecture le clan !

Diane McNeele

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Chronique : LEGEND

Temps de lecture : 5 minutes

Ha les années 80. Cette musique au synthé. Ils en mettaient partout à l’époque. De quoi mettre une claque bien senti aux films qui auraient pu mieux vieillir. C’est le cas de Ladyhawk, et c’est le cas de Legend.

Ce gentillet film de fantasy est de Ridley Scott, avec Tom Cruise et Mira Sara, sorti en 1985. Voui, le truc, l’année de ma naissance. Et Legend, c’est un bout de mon enfance.

Le résumé : Lili, est une jeune et jolie princesse, qui courre dans les champs digne de La maison dans la prairie. Lili est convoitée à la fois par Jack, jeune homme proche de la nature, et par Darkness, véritable incarnation du mal, qui ne rêve que de plonger le monde dans une nuit éternelle. Darkness = obscurité. Bon déjà, quand tu as compris ça, tu as compris le niveau de développement de l’histoire.

Darkness veut tuer les deux licornes protectrices. Avec l’aide de Gump, un lutin, et de ses acolytes Screwball et Tom Brown, Jack se lance dans une quête effrénée pour arrêter Darkness et empêcher la transformation de Lili en créature perverse.

Tom Cruise Legend (1985) Trailer

Ce que j’ai aimé dans le film Legend

Et non, perdu, pas Tom Cruise. Ce que j’aime dans les films des années 80, c’est qu’ils essaient d’être plus grand que le cinéma : plus de musique, plus d’effets spéciaux, de gags…. Je croirais presque que les réalisateurs de ces années avaient un complexe d’infériorité par rapport aux cinéastes précédents.

Conçu par Scott comme une tournure sombre et somptueuse d’un film Disney et des frères Grimm… le film est un échec cuisant au box office. Souffrant de retouches de studio sans fin, il gagne moins de 15 millions de dollars avec un budget de 25 millions de dollars. Trop bête parcequ’au début des années 80, il y a eu un mini boom des films de fantasy : Willow, Conan le barbare, Dark Crystal… Mais l’échec de Legend au box office met au coup d’arrêt à la fantasy et à la sword and sorcery comme genre rentable auprès des studios. Il faudra attendre un certain Peter Jackson et sa fameuse trilogie pour remettre la magie sur nos écrans.

Photographie à couper le souffle, sublime musique de Jerry Goldsmith, costumes et maquillages… Legend, malgré l’histoire qui semble bien naïve, a bercé mon enfance, et sûrement la votre. Si ce n’est pas le cas, faites découvrir ce film aux enfants. Vous leur mettrez de la magie dans les yeux. Mais regardez à ce moment là, la version européenne : Ridley Scott lui même renie le montage réalisé par le studio américain.

Certains disent que le film a mal vieilli. Je ne suis pas d’accord. Visuellement, c’est beau, comme une série de tableaux de maîtres de peinture. Ridley Scott joue avec les merveilles de la nature : pluie, paillettes, neige, fumée, poussière, pétales, reflets, pollen, vol d’oiseaux… tout élément accroche la lumière et rend l’univers de fantasy prégnant. Le truc, c’est qu’il faudrait le redécouvrir en salle… dans sa version européenne.

La licorne dans la forêt… éblouissant.

Ce que je n’ai pas aimé dans Darkness

Bon le jeu de Tom Cruise n’est pas détonnant, mais normal, c’était l’un de ses premiers films. Je n’ai pas été très convaincue enfant par Darkness : son costume et ses deux cornes sont impressionnants. Il faut bien compenser son objectif vachement simplet quand même : conquérir le monde. Répandre le mal et l’obscurité sur l’univers. Mouaif. Peut mieux faire. Je ne croyais pas non plus à la petite fixette que fait Darkness sur Lili. Pourquoi donc s’embarrasser d’une humaine ? Pourquoi elle ? C’est sans doute une métaphore : ternir Lili, la pervertir… c’est peut-être par ce personnage qui symbolise l’innocence que commence la conquête du monde de Darkness. Faut-il y voir une allégorie du masculin double ? Tom Cruise, sorte de Peter Pan protecteur de la forêt, VS Darkness le mâle dominant aux membres turgescents ?

Darkness aux attributs plus qu’imposants.

Ho ! Je parlais de ses cornes voyons !!!

Autre chose, le dénouement au final, vous l’aurez deviné, heureux, mais trop simple. Cela manque de cruauté, de perte. Dans le voyage du héros, le héros en prend sacrément plein la figure. C’est pour cela qu’il accède au statut de héros. Frodo doit aller à l’autre bout du monde pour jeter un anneau dans le feu du Mordor. Tom Cruise aurait pu, lui aussi, se faire amputer de quelque chose, sacré nom de nom. Bah non. Même pas mal. Même pas le brushing ébouriffé.

Pour conclure, ce film est un Rubens du cinéma, une merveille visuelle. A voir si vous aimez la fantasy, et à faire découvrir à vos enfant, neveu, nièce. Il n’est jamais trop tôt pour s’émerveiller. Ou trop tard. Voilà ce que je répondrais aux hautains qui n’aiment que les films pour adultes.

Voilà le clan, j’espère que cet article vous aura donné envie d’initier vos petits hobbits et vos petits vikings à la magie de Legend.

Diane McNeele

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Chronique : WILLOW

Temps de lecture 3 minutes.

Il fallait. Il le fallait absolument. Impossible de tenir un blog sur la fantasy sans parler de WILLOW. Willow quoi.

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Non pas elle ! Willow, le film de fantasy de Georges Lucas et Ron Howard. Cette pépite des années 80 qui m’a bien foutu les jetons avec ses molosses à fourrures qui poursuivent le bébé au début du film. A l’heure où une suite pour ce film de fantasy serait en écriture, petit article sur l’un de mes films préférés. Oui j’assume totalement. Na !

En résumé, la cruelle reine Bavmorda règne sur le peuple des Daïkinis. Lorsqu’une prédiction annonce la naissance imminente d’une princesse qui la détrônera, Bavmorda, cette saleté, donne l’ordre de tuer tous les nouveau-nés du royaume. Elora, le bébé de la prophétie, échappe au massacre. Elle est recueillie par Willow, un homme de petite taille du peuple des Nelwyns. Ce dernier est chargé de ramener l’enfant au pays des Daïkinis. S’ensuit une quête où l’apprenti sorcier rencontre un renégat qui devient un sacré chevalier ( Val Kilmer), et l’une des méchantes devient gentille.

Willow Official Trailer #2 – Val Kilmer, Warwick Davis Movie (1988) HD

Ce que j’ai aimé dans Willow

Ce n’est pas pour rien que Willow a reçu 3 nominations. On rigole aujourd’hui des effets spéciaux au charme suranné. Mais ce film a redonné un souffle au cinéma fantastique américain. C’est de la pure high fantasy en costume. Le travail sur les décors est fantastique, et si je trouve la photographie, le jeu avec la lumière assez banal, la mise en scène est relevée par des prouesses technologiques révolutionnaires . A l’époque, l’animatronique, et le morphing étaient des effets spéciaux avant gardistes. Ron Howard a aussi utilisé la peinture sur verre, et a cherché à composer ses plans avec originalité. Regardez les mouvements de caméra également : c’est dynamique, enlevé, et du jamais vu dans les années 80. Les longs métrages de Boorman (Excalibur) et de Milius (Conan) avaient préparé le terrain.

Ce que je n’ai pas aimé dans Willow

En fait, ce n’est pas des choses que je n’aime pas. C’est difficile de trouver des points négatifs à un film qui a marqué notre enfance. Il garde cette aura de magie et d’enchantement.

C’est avec l’âge, et en le revoyant à l’âge adulte que je trouve le scénario léger, mais surtout, qu’il résonne avec Star Wars. Je m’explique : j’ai l’impression que Georges Lucas a fait un brouillon de sa trilogie. Un magicien (dans le genre Luke ou Obiwan Kenobi), un mercenaire plutôt badass, mais au coeur tendre, et à la belle gueule (aka Han Solo), une princesse rebelle ( Princesse Leia) s’allient pour sauver un enfant, qui seul, pourra détruire une reine férue de magie noire : tiens, son général Kael porte un casque en forme de tête de mort (Dark Vador ??).

Tiens d’ailleurs la magie noire lui réussit pas non plus à la Bavmorda : elle tire une tête d’empereur Palpatine quand elle a trop pratiqué.

Pour conclure sur Willow

A noter qu’à la suite de la sortie de Willow en 1988, une trilogie de livres a été publiée, entre 1995 et 1999 sous le nom des Chronicles of the Shadow War. Ce cycle se déroule 12 ans après les événements de Willow. Il est écrit par Chris Claremont, d’après une histoire originale de George Lucas. Et oui, Georges Lucas a la manie d’étendre ses univers. Et je me doute qu’il va aller piocher dans ces 3 livres de quoi ficeler une suite pour Willow.

Autre anecdote intéressante à connaître, Ron Howard, voulait alors réaliser une adaptation du Seigneur des Anneaux au cinéma. Mais à l’époque, l’entreprise était impossible avec les moyens de l’époque. Il se rabattit donc sur un scénario plus approprié avec son « Willow ». Et oui, le peuple des Nelwyn…. ce sont les hobbits !

Voilà le clan ! J’espère que vous reverrez Willow d’un autre oeil après cette critique de Willow.

Diane McNeele

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Chronique : LE CYCLE D’ELRIC

Temps de lecture : 6 minutes

Le cycle d’Elric le nécromancien est une épopée lyrique de l’écrivain de fantasy Michael Moorcock. A travers l’histoire du « champion éternel », on explore un univers imaginaire riche proche, pour moi, de la Sword and sorcery. Un univers aux innombrables références, riche visuellement, et qui a sa propre mythologie basée sur un univers aux dimensions parallèles.

@the_morehell

Résumé du cycle d’Elric

Elric est l’héritier du trône de rubis, à Melniboné, une île située au nord du monde imaginé par Michael Moorcock. Elric des dragons est empereur de cette race cruelle qui avait conquis le monde avant de se retirer au nord sur cette île. Disposant de dragons gigantesques, et d’un savoir millénaire technique supérieur aux jeunes royaumes, l’île de Melniboné est invincible. Elric, lui, est différent des autres melnibonéens : albinos, son sang, bien que royal est déficient. Elric est faible physiquement et ne peut survivre qu’en absorbant moult décoctions de plantes. Amoureux de la belle Cymoril, qu’il est censé épouser dès le début de la saga… Elric choisit de laisser son trône à son cousin Yircoon, qui lui aussi rêve du trône… pour partir explorer les jeunes royaumes du sud et devenir celui qu’on appellera le loup blanc, armé d’une épée runique suceuse d’âme.

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Ce que j’ai aimé dans le cycle d’Elric

Il faut savoir que la saga d’Elric a été d’abord écrite pour un magazine. Pas étonnant donc que les romans soient finalement assez courts. En effet, dans son introduction le romancier Michaels Moorcock explique qu’il écrit un roman en… Une semaine !!!Gloups. Moi qui met en moyenne un an pour un roman de 250 pages, je ne comprenais pas comment il avait réussi à être aussi productif.Je comprends au bout de quelques pages: Elric est un récit feuilletonnant  : impossible de s’ennuyer !! Une page = une action. Et qu’Elric décide de mener bataille, et qu’il est trahi, et qu’il coule au fond, et qu’il ressuscite… Wow wow impossible de lâcher le roman quand Michael Moorcock décide de jouer avec notre attachement au personnage. De péripéties en rebondissements, le romancier de fantasy fait appel à la magie, et au caractère du personnage d’Eric, pour rythmer son récit.
J’ai adoré retrouver le rythme et le style de John Carter, par Edgar Rice Burrows que j’ai lu il y a quelques années. (Je crois que ce sera un de mes prochains challenges : écrire une série de roman dans le style feuilletonnant.) Décors exotiques, démons et créatures issues du chaos ) la description alambiquée, lire la saga d’Elric c’est aussi voyager. 
J’ai adoré justement la diversité des paysages : c’est l’un des aspects que j’aime le plus dans cette saga. On a l’impression que Michael moorcock aime dérouler au fur et à mesure cet univers. Qui d’ailleurs est en réalité un multivers. Je ne sais pas si la notion d’univers parallèle existe dans d’autres romans de fantasy. Je ne veux pas spoiler votre lecture les bookaddict, mais le moment de la femme enchevêtrée m’a fait penser à la dimension du Purusha, une notion que j’utilise dans mon propre roman. La magie ne sert pas seulement à convoquer des élémentaux, mais aussi à contacter des entités présentes à l’échelle de l’infini dans l’univers.  Michael Moorcock est véritablement un maître de l’écriture fantasy car il réussit l’exploit de décrire des scènes de bataille qui accrochent. A aucun moment, je n’ai ressenti le besoin de tourner les pages pour passer les scènes de bataille, et pourtant ce sont les scènes les plus complexes je trouve à écrire. Comment écrire une scène de bataille, en décrivant le paysage, l’action des personnages tout en faisant bien comprendre les manoeuvres militaires. 

@carlobocchioart

Ce que je n’ai pas aimé dans le cycle d’Elric

Clairement, la psychologie du personnage d’Elric n’est pas facile à comprendre : il réussit à vaincre son cousin qui a tout de même essayé de le tuer…. Et lui confie le trône de rubis, les clés du royaume pour aller parcourir le monde et apprendre des royaumes du sud. Mouais. T’as pris un coup au casque ou quoi l’albinos? Évidemment, quand Elric revient après un an, Yircoon ne veut pas lui rendre son trône, et Elric commet l’irréparable. Et oui, la belle Cymoril a été plongée dans un sommeil enchanté par Yircoon. Et devinez quoi ?

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Non, ça se termine pas comme dans la belle au bois dormant pour la jolie Cymoril.
Cette manie de se créer des problèmes existentiels et de se plaindre d’être le jouet du destin m’a agacé au plus haut point. Mais c’est là le cœur du récit : Elric et sa psychologie morbide et suicidaire.Elric se croit maudit, par la faiblesse de sa constitution physique, et son albinisme. Il se croit indigne du trône. On rajoute sur ça le complexe du petit garçon jamais aimé par personne : son propre père l’a fait toujours considéré comme indigne, car cause de la mort de sa femme. Elric se croit aussi indigne du trône de rubis, car n’affecte pas particulièrement la torture comme les autres Mélnibonéens, et n’est pas assoiffé de pouvoir comme ses ancêtres. Bref Elric traîne sa misère affective et le poids du monde sur ses épaules. J’aurais sûrement adoré le cycle d’Elric quand j’étais adolescente. Aujourd’hui débarrassée du côté mal-être-personne-ne-peut-me-comprendre j’ai beaucoup plus de recul sur ce type de personnes… qui m’agacent vite. Malgré tout, Michael Moorcok réussit la prouesse de faire de son héros un être à la fois maudit et maladif, et viril. On retrouve des accents de la chevalerie chez Elric, que j’aime et qui me rappellent les films de mon enfance : Prince Vaillant, le Roi Arthur et cie. Le genre de héros qui me faisaient rêver alors gamine. 

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Je n’ai pas aimé non plus le livre sur les gitans dans La revanche de la Rose. Je visualise bien l’idée des villes sur roues, un peu comme dans Mortal Engines, ce qui à mon avis, à l’époque de la publication des romans, c’était assez anticipé sur tous ces romans steam punk.

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Mais je ne suis pas du tout fascinée par la culture gitane, alors j’ai du mal à comprendre ce truc que beaucoup d’écrivains de fantasy ont avec ce peuple. Le côté voyage et déraciné, mixé avec la sorcellerie, et diseuse de bonne aventure j’imagine. On le retrouve dans A la croisée des mondes de Phillip Pullman, la série Buffy contre les vampires, dans laquelle les gitans lancent une malédiction sur Angel. Mais surtout l’arrivée inopinée du personnage de Weldrake m’a gênée. Même si je comprends l’introduction de ce personnage en lisant le dernier livre, Elric et la fin des temps, ce personnage m’a en quelque sorte tirée de l’univers de fantasy. De quoi se demander « mais qu’est ce que ça vient faire là »  toutes les 3 pages. Il y a un côté bouffon dans le personnage de Weldrake que j’ai trouvé inutile. 

Enfin, la description des femmes, et leur part dans cette histoire m’a laissée perplexe. Dans le cycle de John Carter, Deja Thoris est aussi guerrière que lui. Bon elle apparait à poil la plupart du temps, mais c’est une princesse guerrière. Or, dans le cycle d’Elric, rares sont les personnages féminins qui sortent du lot. De princesse énamourée, en détresse, ou carrément stupide, Michael Moorcock ne m’aura rien épargné. Seule le personnage de Oone dans la Forteresse de la perle m’a plu. (C’est d’ailleurs mon livre préféré de toute la saga d’Elric. Je ne vous dis qu’une chose : Christopher Nolan peut aller se rhabiller avec son Inception en comparaison. ) Le personnage de la sorcière dormante m’a plu, pour le côté ambivalent du personnage. Mais la représentation de la femme dans l’univers fantasy…. c’est le sujet d’un prochain article !

@sci_fi_fantasy

Pour conclure

La saga du Cycle d’Elric est un classique. Au même titre que le seigneur des anneaux ou les Brumes d’Avalon. D’ailleurs Michael Moorcock a rencontré Tolkien et CS Lewis. Mais s’est-il lié avec eux, il n’en dit mot. J’en douterais d’ailleurs, car la philosophie de Moorcock est en complète contradiction avec les deux auteurs précédents: Le cycle d’Elric est une ode à l’anarchie, où l’homme abat dieux, démons et maîtres pour ne plus faire appel qu’à son libre arbitre. Un cycle à lire je pense à plusieurs étapes de sa vie, pour en mesurer la profondeur, et la maturité. Le cycle d’Elric est à lire car il est à l’opposé de beaucoup de romans de fantasy : où le héros se découvre des super pouvoirs, qu’il est l’héritier du royaume et qu’il doit sauver le monde. Ça vous changera de l’habituel voyage du héros. Ici, Elric est à la fois chevaleresque et sans pitié. Bonne nouvelle, vous pouvez découvrir les aventures d’Elric sous forme de bande dessinée. Une merveille visuelle validée par Michael Moorcock lui même !

Salut le clan !

A bientôt pour de nouvelles aventures livresques et une autre chronique de fantasy !

Diane McNeele

Intégrale du cycle d’Elric
Adaptation en bande dessinée des aventures d’Elric

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Chronique: la fille du roi des elfes de Lord Dunsany

Temps de lecture : 6 minutes

Beaucoup mentionnent le film Stardust (avec Claire Danes et Robert DeNiro) en rapprochant sa trame de La fille du roi des elfes. Et c’est normal Neil Gaiman a avoué s’être beaucoup inspiré de ce roman pour son film.

Mais ce petit roman de Lord Dunsany est une pépite de fantasy à part entière. Et fait intéressant, il a été précurseur à Tolkien. Facile à lire, l’écrivain Dunsany d’origine irlandaise nous livre une poétique description du monde. Ce que beaucoup considèrent comme un gentillet conte de fée est en réalité un roman qu’on peut relire à tout âge.

En résumé, Alveric part à la recherche du royaume enchanté pour enlever la princesse Lirazel, et l’épouser. Après une traversée d’une forêt encore plus malveillante que dans Blanche Neige, Alveric arrive au château…. où la princesse l’attendait, et choisit de partir avec lui. Alveric et Lirazel convolent, font un magnifique bébé nommé Orion. Le roi des elfes, bien décidé à retrouver sa fille, lance une incantation pour la ramener auprès de lui. Alveric, désespéré, part en quête de la forêt magique pour la retrouver. Il erre… tandis qu’Orion grandit, et découvre la forêt magique… puisqu’il est à moitié elfe.

Je m’étais lancé dans l’enregistrement en audio book du livre… même si j’ai mis ça de côté, vous aurez un avant goût de ce roman de fantasy avec ceci :

Audio book chapitre 1 La fille du roi des elfes

Ce que j’ai aimé dans La fille du roi des elfes

J’aime le relire pour la beauté du vocabulaire. Si Tolkien devait décrire en 5 pages un paysage, Lord Dunsany livre une page d’une puissance lyrique que je n’avais pas lu depuis des années. Le style sonne un peu vieux jeu, (plus personne n’écrit comme ça de nos jours). Mais c’est un délice. C’est comme regarder ces films en noir et blanc avec ce vocabulaire suranné et ces toilettes retro. Vous savez que ça n’existe plus, mais vous en redemandez encore. La fille du roi des elfes me donne cette impression : ce roman me donne un goût de la nostalgie d’un monde perdu, et du temps qui passe. Et c’est précisément la force de cette histoire : sa morale sur le temps qui passe, la beauté de Lirazel qui se flétrit, la mort, les gens qui oublient un monde qui a pourtant existé au pas de leur porte…. On prend La fille du roi des elfes pour un petit roman pas bien compliqué à lire. Et pourtant, cela n’enlève rien à sa profondeur sur le temps, la mélancolie d’un monde qui se retire… pour finalement se mélanger au nôtre. La fille du roi des elfes est le roman que vous lirez adolescents, et que vous lirez à vos enfants… qui re redécouvriront adulte avec d’autres yeux. Et puis vous verrez les elfes autrement que comme ça :

Ce que j’ai pas aimé dans La fille du roi des elfes

J’ai un problème avec la chasse… à la licorne. Sérieusement, Orion pourrait se focaliser sur les trolls, ou d’autres créatures malfaisantes. Mais non. Il se focalise sur les créatures les plus pures et les plus innocentes. C’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles personne n’a voulu adapter La fille du roi des elfes en film. Qui irait voir un film où des licornes se font tuer ?

Mais je soupçonne Lord Dunsany d’introduire une réflexion sur la nature humaine : car Orion est à moitié elfe, moitié humain. Il est donc attiré par le royaume magique, sans toutefois pouvoir y appartenir totalement. Et c’est bien typique de l’être humain que de vouloir détruire ce qu’il ne peut posséder. La licorne étant le symbole de la vie, de la pureté, de la longévité, sa chasse est un écho à la quête désespérée d’Alveric parti chercher sa bien aimée, et qui vieillit, et tombe presque dans la démence. Et ben oui Alveric, fallait prendre soin de Lirazel tête d’âne ! Une princesse elfe, ça se bichonne !

Pour conclure…..

En résumé cher clan, ce petit bijou de littérature de fantasy vous suivra. C’est un de ces romans qu’on garde et qu’on relit à tout âge, comme le Hobbit de Tolkien d’ailleurs. Cette histoire bien ficelée, qui vous tient jusqu’au bout, vous laisse ce parfum de poésie, et comme la nostalgie du Royaume enchanté.

Diane McNeele

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