5 TRUCS QUI ONT CHANGE DANS LES CONTES DES FRERES GRIMM

Il faut que je vous avoue un truc en tant qu’écrivain. Nous les romanciers sommes atteints d’une maladie incurable : la perfectionnite, saupoudrée du complexe de l’imposteur. En gros, nous ne somme jamais satisfaits de ce que nous écrivons et éprouvons toujours ce petit truc « si j’avais mis cette scène là, ça aurait peut être été plus clair ». Oui mais voilà, il y a un moment où il faut que le roman sorte, même si l’on n’est pas ultra satisfait. C’est ça être romancier, accepter de ne jamais atteindre la perfection qu’on s’était imaginée dans telle scène ou dans le roman dans son ensemble. Et c’est rassurant de se dire que les frères Grimm en sont aussi passés par là.

Parce que les contes originaux des frères Grimm n’avaient pas vraiment les fins heureuses et joyeuses, façon Disney. Mais ce n’est pas seulement parce que Jacob et Wilhelm Grimm étaient des jumeaux un peu zarbis qui ont choisi de parler de l’enfance maltraitée et abusée. Le premier volume des Contes des frères Grimm a été publié pour la première fois le 20 décembre 1812. Les frères Grimm ne se voyaient pas du tout comme des auteurs, ou comme des éditeurs, mais comme des collectionneurs et des historiens littéraires.

L’intention originale du projet était d’enregistrer, de mettre sur papier les traditions orales des pays germanophones au début du 19ème siècle. Les frères Grimm étaient scolaires, travaillant à leur bureau, s’appuyant sur des amis et des documents sur le folklore qui avaient déjà été couchés sur papier, et avaient été transmis de génération en génération de manière informelle.

Bien qu’ils aient introduit des éléments pour compléter les contes, les frères Grimm tentèrent de rester proche des sources originelles autant que possible.

En 2014, le Princeton Press University a publié « les contes populaires et féériques des frères Grimm », la première traduction en anglais des histoires des frères Grimm. Le texte original sans altération.

Dans l’introduction, le traducteur Jack Zipes écrit que « … plus ils collectèrent d’informations et, plus ils eurent l’envie de dévoiler la poésie naturelle –naturpoesie- si chère au peuple allemand. Toutes leurs recherches furent alors dirigées dans l’exploration des sagas, des récits épiques, et des contes qui contenaient ce qu’ils croyaient être alors les vérités essentielles sur l’héritage culturel Allemand. Ce qu’on ne soupçonne pas de nos jours, sur les contes des frères Grimm, c’est ce besoin irrépressible et romantique de remettre au jour, et de préserver la contribution culturelle allemande, faite par des gens du peuple. Sauver de l’oubli ce pan populaire de la culture allemande.

Ce fantastique effort de préservation est évident dans la première édition : la violence sature les contes. Mais voici le point intéressant. Lorsque les histoires gagnèrent en popularité, les Frères Grimm cédèrent à la tentation d’altérer les aspects un peu trop sanglants de certains contes pour plaire à une plus large audience.

Dès lors qu’ils publièrent leur première édition, ils devinrent peu à peu célèbres, et non pas seulement dans les régions germanophones. Rappelez vous que l’Allemagne à cette époque, n’est pas un pays uni. Leur nom et leur collection atypique devinrent rapidement connus.

L’effet de cette renommée croissante eut deux conséquences :

Au même moment où les frères Grimm travaillaient, une classe moyenne commençait tout juste à émerger en Europe, résultat de l’école publique devenant obligatoire. Ces récits populaires à présent liés sur un texte, la classe moyenne s’intéressa à ces histoires, mais imposèrent leur vision victorienne et puritaine des sentiments… Les aspects les plus durs des contes des frères Grimm ne passaient pas. Un peu comme le consortium chez Disney a sûrement encadré l’écriture des 3 derniers Star Wars sortis. D’où la relation ambigüe entre Riley et Kylo Ren : bah oui faut bien une ptite histoire d’amour quelque part hein, c’est Disney ! Et puis il fallait attirer le public féminin !

Kylo et Rey, le couple un peu crée de toute pièce pour coller à la culture Disney

Bien qu’ils n’aient pas abandonné l’idée de garder la pureté originelle et la signification des vieux contes quand ils publièrent leur seconde édition, en 1819, il est évident qu’ils ont été influencés par les critiques de leurs contemporains : les contes devaient être plus accessibles au grand public, et porter plus de considération envers les enfants, les lecteurs et les auditeurs de leurs histoires.

Cela fut possible par l’autre impact du succès de la première édition. Bien que leur texte fut modérément bien reçu, les gens de toute l’Europe envoyèrent aux frères Grimm leurs propres versions des contes, tels qu’ils les avaient entendues dans leurs familles.

L’afflux de nouveau matériel donna aux frères Grimm des options pour comparer, et intentionnellement se rapprocher de l’essence des contes, tout en ayant une parfaite justification pour aseptiser certains aspects un peu hard.

Voici les aspects les plus surprenants de la première édition, plus tard supprimé ou altéré :

1. Les Contes furent rallongés.

Le fait de recevoir des versions différentes, plus détaillées des contes, et l’ajout de leur propre style littéraire, l’édition suivante des contes des frères Grimm devint alors plus longue que la première.

Si la première édition manquait de cohésion, que ce soit dans la forme ou le format des histoires, d’autres histoires étaient simplement…. des idées, ou des pitch. Cela reflète la rigueur des Grimm à reproduire exactement les récits oralement racontés.

Ils ne purent résister à la tentation de rendre les contes plus élaborés d’un point de vue artistique et littéraire, pour plaire à leurs lecteurs de la classe moyenne. Le résultat est que l’essence des contes en ressortit dans les deux volumes de la première édition : objectif atteint pour les frères Grimm qui avaient voulu respecter les voix des conteurs originaux.2

2. Les mères biologiques devinrent les affreuses marâtres

Si vous avez grandi comme moi en regardant les Disney…. 

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Vous avez alors appris que les belles mères sont toutes des bitches, jalouses de leur belle fille. De quoi vous encourager à rencontrer la mère de votre chéri hein ! Mais ça, ça vient de la version façon Grimm des contes de fées. Car dans les versions originales, c’est la mère d’Hansel et Gretel elle même qui essaie d’abandonner ses enfants dans la forêt. Et c’est la mère de Blanche Neige aussi, qui non seulement engage un chasseur pour tuer sa fille de 7 ans, mais a aussi prévu de manger ses organes. Le traducteur des contes originaux, Jack Zipes l’explique : « Les Frères Grimm ont fait des changements dans leurs éditions suivantes car ils tenaient la maternité pour sacrée, d’une part mais aussi il y avaient des causes sociologiques : au delà de la crainte de déplaire à des lecteurs potentiels. Beaucoup de femmes en effet, mouraient en couche à l’époque, au 18 et 19ème siècle. Il y avaient beaucoup de situations dans lesquelles l’homme se remariait alors avec une femme plus jeune, souvent du même âge de la fille aînée, dont la jeune épouse pouvait alors se sentir jalouse.

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3. Raiponce ne tombe plus enceinte !

Dans la première version de Rapunzel, la méchante fée découvre la visite du prince quand la naive Raiponce se demande à voix haute : « Dites moi, mère Gothel, pourquoi mes vêtements deviennent ils si petits ? Ils ne me vont plus »

Le lecteur ou l’auditeur comprends alors que Raiponce est tombée enceinte du Prince pendant leur « bon temps » ensemble.

Depuis l’édition de 1857 et sa septième édition, la grossesse a été coupée de l’histoire, entièrement, et au lieu de cela, Raiponce révèle qu’elle a vu le Prince en demandant à Mère Gothel pourquoi c’est plus dur de la soulever que lui… Complètement con.

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Et proprement insultant, mais au moins sans connotation sexuelle.

4. Les fées furent subirent un nouveau casting.

Les éléments supernaturels des histoires avaient quelque chose d’effrayant. Mais pendant que la majorité du texte est altérée pour s’aligner plus sur les valeurs chrétiennes, quelques ressorts de l’histoire demeurent.
Il y a une bonne dose de magie dans les contes, qui a été conservée dans les éditions suivantes. Les moments de transformation miraculeuse qui arrivent dans les contes furent conservés. Cela dit, les frères Grimm firent un changement particulier par rapport à ces éléments fantastiques. Dans la première éditions, les représentants de la magie étaient la plupart du temps des fées. Normal pour le genre féérique.

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Mais pendant le temps de travail, de recherche et de rédaction, les guerres napoléoniennes virent les Français occuper les territoires germanophones. A cette époque là, ils décidèrent d’arrêter le terme français fée et le replacèrent par des êtres vaguement mystiques. Par exemple dans Raiponce, la fée devient une sorcière, et dans la belle au bois dormant, les fées furent changées en sage femmes.

5. Certaines histoires furent mélangées, et remixées.

La première édition des Contes des frères Grimm était constitué de 156 contes, et l’édition finale en comptait 210. Mais ils n’ajoutèrent pas seulement des histoires entretemps. Le déluge de contes similaires qu’ils reçurent après la première publication donnèrent aux frères Grimm du matériel à utiliser, mais certains contes ne pouvaient simplement être modifiées pour coller à ce qu’on appellerait aujourd’hui la culture mainstream. Une jolie histoire au jolie nom s’appelle par exemple « Quand les enfants jouent au massacre. »Et oui. Dans cette histoire, deux enfants jouent au boucher et au cochon. Comme partie du jeu, le frère le plus vieux coupe la gorge de son frère, le tuant. Quand leur mère découvre la scène, elle devient si enragée qu’elle tue le plus vieux frère. Et pendant qu’elle fait ceci, le plus jeune fils se noie dans le bain. Maintenant la mère se pend, désespérée. Enfin le père revient. Lorsqu’il découvre que toute sa famille est morte, il meurt… de chagrin.Alors si vous avez des idées, Disney pourrait être intéressé pour avoir votre solution comment faire pour que cette histoire devienne charmante et pleine de morale ? hem hem. Bon courage.

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Voilà cher clan, c’était un article sur le processus d’écriture des contes des frères Grimm. Intéressant n’est-ce pas ? D’historiens ils devinrent écrivains, mais tenus par les impératifs culturels de l’époque.

Si vous écrivez, est-ce que vous vous censurez parfois ? Moi non. L’auto édition me permet cette liberté. Mon père d’ailleurs était drôlement surpris lorsqu’il a lu les premiers chapitre de mon roman. « c’est vachement sanglant ton truc quand même. » m’a t il dit en me regardant d’un air bizarre.

Est ce qu’il vous est déjà venu à l’idée qu’un roman était trop violent ? Est-ce que vous pensez que Georges Martin aurait du laisser Robb Stark en vie ? Perso, j’en suis encore traumatisée de ce Red Wedding…

Vous êtes comme moi le clan ? Et pensez que Disney a quand même altéré vachement Star Wars depuis quelques années ? Allez-y ! c’est à vous de partager votre point de vue !