Journal d’une novice (3)

Aujourd’hui, leçon de botanique avec Cassandra. Je suis bête d’écrire ça, bien sûr que c’est avec Cassandra. Il n’y a personne d’autre ici. Et les créatures magiques se méfient de nous. Je n’en croise jamais. Mais il est vrai que la forêt est immense. J’aimerais un jour partir en expédition pour cueillir certaines herbes comme l’a fait Cassandra dernièrement : je découvrirais l’immensité de la forêt d’Etheldrede.

Mais j’aimerais, plus que tout, aller de l’autre côté. Au delà de l’Azur. Tout est flou, mais il y a des tours. Elles ne ressemblent pas aux gravures de Cassandra. Et il y a des lumières. Un jour j’irai voir l’Azur pendant la nuit… je voudrais tellement voir ce qu’il y a au delà. Je suis sûre que tout le monde n’est pas si mauvais comme le prétend Cassandra. Il y a forcément des gens bien, qui voudraient encore de la magie et la Caste.

Le lierre : plante aux feuilles épaisses, faces brillantes, baies en bouquet.

Guérit la toux, les ulcères, les brûlures légères, les coups de soleil.

Utiliser l’écorce pour guérir eczéma.

Attention : les baies sont un vomitif ultra puissant. Possible de s’empoisonner avec.

Le bouleau : arbre au tronc blanc et noir. Ecorce tombe au fur et à mesure.

Diurétique, anti-infectieux. Sève se recueille deux mois avant l’été, idéale pendant un jeune pour purifier organisme.

Avant, les novices faisaient un jeune pendant 21 jours avant leur initiation, avec la sève de bouleau.

Possible de conserver les aliments dans l’écorce de bouleau. L’écorce de bouleau est parfaite pour isoler de l’humidité : c’est comme ça que Cassandra m’a fait mes chausses !

Cassandra m’apprendra demain comment faire de la farine avec l’écorce de bouleau, pour faire du pain.

En voix externe, il faut appliquer les feuilles fraîches pour soigner les maladies de peau, les rhumatismes.

Jamais je n’en aurai fini d’apprendre. Et ça n’est que pour la botanique, que l’on vient de commencer. Bientôt, elle m’initiera aux cristaux, même si elle m’a interdit d’y toucher pour le moment.

Journal d’une novice (2)

Cassandra, un parchemin sur les genoux, me regardait pensivement en train de cuisiner. Je saupoudrais des amandes de poudre d’algue séchées, ce qui relèverait le plat et accompagnerait idéalement la purée d’épeautre. La tourte aux champignons ne me disait plus rien. Je joignis les mains, comme elle me l’avait montré, alors enfant, et je me mis à prier. Je remerciais Dana pour la nourriture qu’elle nous donnait, et qui viendrait. Il nous faut remercier Dana qui nous donne notre hêka, notre force magique pour planter les graines car nous ne sommes que deux femmes après tout. Heureusement que nous avons la magie pour nous aider à faire ce travail d’homme.

Merci Dana et Aum, mère et père de toute chose… Il nous faut remercier également à toutes les créatures qui ont piétiné la terre, enfonçant la terre et leurs excréments qui ont nourri la terre. Il nous faut également remercier les plantes, aux racines fines et persistantes, perçant la terre ,déterminées à trouver leur chemin. Remercions également l’eau dans les souterrains, qui courre, intrépide, et que les racines viennent chercher, pour y puiser inlassablement et qui gonflent les graines. C’est un rituel que j’aime beaucoup, ce court moment pendant la préparation du repas. Je peux vivre alors une partie de l’enseignement des prêtres. J’ai l’impression alors de faire partie de la Caste déjà, même si je ne suis pas encore novice. Je ne suis rien, une sans famille. Je fais ce que je peux chaque jours pour montrer à Cassandra que je suis digne de son enseignement, à défaut de son affection.  Car je ne sais même pas si Cassandra m’aime. Peut être un jour, le saurai-je. Rares sont les fois où elle a posé la main sur mon épaule ou ma tête. Mais je m’égare. Elle est ma protectrice, ma tutrice.

C’est à ce moment-là que j’entendis sa voix m’interrompre :

« Nous prendrons notre repas près du feu ce soir Andraste. »

Cassandra avait un parchemin sur les genoux. Je m’asseyais à ses pieds, à côté du feu qui me réchauffait le dos. J’adore ces moments où elle m’enseigne l’histoire des terres d’Hizaion, grâce à ses légendes couchées sur manuscrits par des bardes doué avec les mots, tels que Tehut.

« Il s’agit de l’histoire de la Lune et du Soleil. Un jour, la lune en eut assez que le Soleil soit le seul adoré : n’était-elle pas celle qui commandait aux marées ? Aux accouchements ? Qui avait le pouvoir de rendre les hommes fous lorsqu’elle était pleine ? On raconte que lorsque l’amour passe dans notre vie, il faut implorer la lune le vendredi soir, et lui offrir ses cheveux et ses ongles pour le faire rester.

La lune en eut assez : elle décida donc de disparaître. Il n’y a rien de mieux pour briller… que l’absence. Les femmes ne savaient plus à quel astre se vouer. Les hommes devenaient malades, car l’eau dans leur corps était déséquilibrée. Les pêcheurs ne pouvaient aller pêcher car l’eau était toujours à marée basse. Au bout de quelques mois, les hommes implorèrent le soleil de faire revenir la lune.

Le soleil décida de laisse la place à la lune, une fois tous les cent ans : ce jour là, la lune passe devant le soleil, et ils créent alors une union parfaite, une éclipse. Mais la lune reste coquette : elle disparaît une fois par mois, pour rappeler aux hommes et aux femmes de toujours lui rendre hommage. »

N’est-ce que pas une jolie histoire cher journal ?

Andraste.

Journal d’une novice (1)

Cassandra dit que les manuscrits coutent cher. C’est qu’un arbre est précieux. Sa vie est précieuse. Pour chaque arbre abattu, nous en plantons cinq.

C’est la règle de la magie. Si tu fais le bien, il te sera rendu trois fois, si tu fais le mal il te sera rendu trois fois.

J’ai 14 ans aujourd’hui. Cassandra m’a dit que je progressais mais je n’ai pas l’autorisation de lire les livres et manuscrits de la bibliothèque. Lorsque j’ai pris le carnet, Cassandra a haussé un sourcil. Elle m’a dit que les novices de la Caste n’avaient pas le droit d’avoir des affaires personnelles. Mais j’ai tellement de mal à me rappeler tout ce qu’elle m’enseigne. Alors elle a accepté.

Le conseil que l’on appelle Shunga a choisi d’entreposer au sous-sol les manuscrits vierges, notre réserve, là où sont également gardés les vases et l’huile sacrée pour les couronnements.

Salle de Dana initiation

Mais il n’y a plus de couronnement. Plus jamais, et moi Andraste, je suis la dernière novice. Tous les autres sont morts, la magie, la Caste n’a pas su les protéger. Et pourtant, je n’ai pas peur, même quand la nuit, j’entends la forêt craquer. Je n’ai pas peur car je sais que jamais je ne quitterai cette forêt. Et pourtant, je vois des reflets derrière l’Azur, le monde de l’oubli. Un monde étrange, fait de tours, mais différentes des gravures que Cassandra m’a montrées.

C’est Cassandra qui partira rejoindre la Caste lorsque mon noviciat sera terminé. Elle va me manquer. Elle n’est pas ma mère, mais elle m’a élevé comme elle l’a pu. Pourtant je ne me souviens pas de gestes de tendresse. Jamais elle ne m’a caressé les cheveux, ou prise dans ses bras.

Ce serait plus facile de lui obéir si elle était ma vraie mère. Mais je n’ai pas de mère, ni de père. Juste le carnet et cette place au sein de la Caste.

Andraste