Journal d’une novice (2)

Cassandra, un parchemin sur les genoux, me regardait pensivement en train de cuisiner. Je saupoudrais des amandes de poudre d’algue séchées, ce qui relèverait le plat et accompagnerait idéalement la purée d’épeautre. La tourte aux champignons ne me disait plus rien. Je joignis les mains, comme elle me l’avait montré, alors enfant, et je me mis à prier. Je remerciais Dana pour la nourriture qu’elle nous donnait, et qui viendrait. Il nous faut remercier Dana qui nous donne notre hêka, notre force magique pour planter les graines car nous ne sommes que deux femmes après tout. Heureusement que nous avons la magie pour nous aider à faire ce travail d’homme.

Merci Dana et Aum, mère et père de toute chose… Il nous faut remercier également à toutes les créatures qui ont piétiné la terre, enfonçant la terre et leurs excréments qui ont nourri la terre. Il nous faut également remercier les plantes, aux racines fines et persistantes, perçant la terre ,déterminées à trouver leur chemin. Remercions également l’eau dans les souterrains, qui courre, intrépide, et que les racines viennent chercher, pour y puiser inlassablement et qui gonflent les graines. C’est un rituel que j’aime beaucoup, ce court moment pendant la préparation du repas. Je peux vivre alors une partie de l’enseignement des prêtres. J’ai l’impression alors de faire partie de la Caste déjà, même si je ne suis pas encore novice. Je ne suis rien, une sans famille. Je fais ce que je peux chaque jours pour montrer à Cassandra que je suis digne de son enseignement, à défaut de son affection.  Car je ne sais même pas si Cassandra m’aime. Peut être un jour, le saurai-je. Rares sont les fois où elle a posé la main sur mon épaule ou ma tête. Mais je m’égare. Elle est ma protectrice, ma tutrice.

C’est à ce moment-là que j’entendis sa voix m’interrompre :

« Nous prendrons notre repas près du feu ce soir Andraste. »

Cassandra avait un parchemin sur les genoux. Je m’asseyais à ses pieds, à côté du feu qui me réchauffait le dos. J’adore ces moments où elle m’enseigne l’histoire des terres d’Hizaion, grâce à ses légendes couchées sur manuscrits par des bardes doué avec les mots, tels que Tehut.

« Il s’agit de l’histoire de la Lune et du Soleil. Un jour, la lune en eut assez que le Soleil soit le seul adoré : n’était-elle pas celle qui commandait aux marées ? Aux accouchements ? Qui avait le pouvoir de rendre les hommes fous lorsqu’elle était pleine ? On raconte que lorsque l’amour passe dans notre vie, il faut implorer la lune le vendredi soir, et lui offrir ses cheveux et ses ongles pour le faire rester.

La lune en eut assez : elle décida donc de disparaître. Il n’y a rien de mieux pour briller… que l’absence. Les femmes ne savaient plus à quel astre se vouer. Les hommes devenaient malades, car l’eau dans leur corps était déséquilibrée. Les pêcheurs ne pouvaient aller pêcher car l’eau était toujours à marée basse. Au bout de quelques mois, les hommes implorèrent le soleil de faire revenir la lune.

Le soleil décida de laisse la place à la lune, une fois tous les cent ans : ce jour là, la lune passe devant le soleil, et ils créent alors une union parfaite, une éclipse. Mais la lune reste coquette : elle disparaît une fois par mois, pour rappeler aux hommes et aux femmes de toujours lui rendre hommage. »

N’est-ce que pas une jolie histoire cher journal ?

Andraste.

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